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Prédiction

 

La prédiction sismique consiste en la recherche d’un ensemble de méthodes permettant de prévoir précisément la date, le lieu et la magnitude d’un séisme à venir. En effet, ce n'est pas du tout la même chose de prévoir un séisme de faible magnitude et un séisme de forte magnitude.

Depuis l’antiquité, après chaque séisme destructeur et meurtrier, les hommes essayent de connaître les causes du cataclysme afin que cela ne se reproduise plus jamais. L’origine des tremblements de terre a successivement scientifiquement été attribuée aux passages des comètes, à la disposition des astres ou encore aux conditions atmosphériques, bien sûr sans résultats. En 1950, les Soviétiques décident de lancer un grand programme de recherche sur ce sujet après deux séismes particulièrement meurtriers. Ils sont bientôt suivis par les Américains et les Japonais dans les années 1960, les Chinois dans les années 1970 et enfin les Européens plus récemment.

Il existe différentes manière de faire de la prédiction sismique. On peut dans un premier temps identifier en un lieu les zones à risques en tenant compte de la nature des sols et de la tectonique générale mais aussi en recensant les catastrophes historiques : c’est une approche probabiliste du problème. Mais on peut aussi identifier des signes précurseurs susceptibles d'être liés à un séisme : c’est une approche déterministe du problème. En pratique on utilise les deux approches : on instrumente les régions classées « à risques » par une étude probabiliste afin d’y élaborer des méthodes déterministes.

Différentes équipes de chercheurs ont ainsi développé des méthodes de prédictions déterministes. Pour valider une telle méthode, une équipe doit :

  • identifier des éléments précurseurs en définissant précisément les anomalies observées comme une variation des vitesses des ondes, des observations de surélévations du sol ou encore des phénomènes électromagnétiques ;
  • établir une corrélation entre ces anomalies et des séismes observés par la suite ;
  • interpréter les anomalies par des processus physiques réalistes ;
  • élaborer un modèle physique prédictif.

De nombreuses anomalies ont été associées à l’occurrence des séismes mais en fait aucune méthode ne vérifie vraiment les deux dernières conditions. En effet, tant qu’une théorie physique ne vient pas appuyer les observations, on ne peut exclure le facteur chance dans les prédictions faites. En plus, ces prédictions sont en général faites dans des zones où le risque sismique est fort, pour avoir de nombreuses observations. Ainsi la probabilité qu’une prédiction aléatoire, c'est à dire faite complètement au hasard, corresponde à un séisme est forte indépendamment de toute justification physique...

Nous pouvons aujourd’hui prévoir assez efficacement le temps qu’il fera mais nous ne savons toujours pas prévoir un séisme. Depuis que l’on sait comment se forme un orage et que l’on mesure les paramètres atmosphériques, on peut prédire avec précision le lieu, l’heure et la force d’un orage. Il n’en est pourtant pas de même en sismologie pour trois raisons :

  • on ne sait pas encore précisément quels facteurs provoquent un séisme ;
  • les paramètres en jeu sont très nombreux ;
  • alors qu’il est relativement aisé de mesurer la température ou la pression en un lieu, il est beaucoup plus délicat de déterminer les paramètres physiques des roches qui se situent parfois à plusieurs kilomètres sous nos pieds.

Les enjeux de la prédiction restent cependant importants. Il y a plus de 150 séismes de magnitude supérieure ou égale à 6, c’est à dire de séismes potentiellement destructeurs, à la surface du globe chaque année, les séismes ont causés plus de 150000 morts dans le bassin méditerranéen en un siècle et plus de 10% des terres émergées sont sérieusement menacées. On voit bien ici l’intérêt de prévoir les séismes à court terme afin d’organiser des évacuations.

Il reste malheureusement d’énormes difficultés à surmonter : depuis 40 ans des efforts considérables d’équipements instrumentaux ont été faits. Il y a eu pendant cette période de nombreux séismes destructeurs. Seulement quelques dizaines ont été précédées de phénomènes précurseurs reconnus comme tels. Les séismes prédits ont été rares, les fausses alertes nombreuses, comme en août 1976 près de Canton où de nombreuses personnes couchèrent sous des tentes pendant deux mois en attendant avec inquiétude un séisme qui n'eut jamais lieu... Ce manque de prédictions précises nous rappelle qu’il faut faire un effort particulier de prévention auprès des populations concernées, et établir des règles strictes en matière de constructions.

Faute de pouvoir prévoir de manière précise l'avènement d'un séisme, l'évaluation du risque sismique permet d'en minimiser l'impact.