Le bâtiment

Le 1er mars 1899, 30 000 marks sont affectés, suite à un vote du Reichstag, à la création d'une station sismologique à Strasbourg. Ce bâtiment n’avait pas du tout été prévu dans les premiers plans du campus inauguré en 1884. La sismologie n’est pas encore une discipline universitaire à cette date et personne ne songe à lui édifier un bâtiment dédié.

 

Des voix s’élèvent jugeant le projet incompatible avec l’harmonie des façades et du jardin. En effet, l’ensemble du campus impérial se distingue par son élégante cohésion architecturale néo-classique. De plus, le parc arboré est considéré comme un agréable lieu de promenade. Il est proposé de positionner la station dans le parc de l’Orangerie, mais les scientifiques s’y opposent. Tout d’abord, elle serait trop éloignée de l’Université et donc des recherches liées à ces mesures mais aussi trop éloignée de l’Observatoire, seul lieu à distribuer l’heure exacte indispensable à l'exploitation conjointe des enregistrements sismologiques de plusieurs stations. De plus, les rue Goethe et de l’Université sont alors interdites à la circulation des véhicules de transport, réduisant ainsi les vibrations associées. Le site du campus est donc totalement approprié. Finalement, le pouvoir impérial tranche et fait taire les oppositions : la station sera installée sur le campus.

Le comte Hermann zu Solms – Laubach, l’une des principales figures de l’opposition et directeur de l’Institut de botanique, situé à proximité de la nouvelle station juge le bâtiment « disgracieux » et « repoussant ».

L’architecte Alfred Jaenicke travaille en respectant les consignes de Gerland :  quatre pièces sur 100 m2 et une chambre noire doivent composer la station. La lumière directe doit être exclue, les mouvements d’air limités et l’humidité et la température toujours constantes. La station a été construite en deux temps : une partie basse pour les sismomètres puis une partie de conception classique pour les chercheurs. La station est bien plus un défi scientifique qu’architectural :

  • La partie qui accueillait les instruments, appelée le bâtiment intérieur, a été entourée d'un deuxième bâtiment de protection, l'enceinte extérieure, elle-même constituée de deux enceintes qui ne touchent pas le bâtiment intérieur permettant ainsi de limiter au maximum les « bruits » parasites.
  • Des piliers d'une profondeur de 2,30m sont prévus dès le départ. D'autres ont été ajoutés ensuite. Ces piliers ne touchent pas le plancher du bâtiment intérieur et sont donc isolés des mouvements du bâtiment lui-même ou des mouvements des sismologues autour du pilier. Ils servent de support aux instruments de mesure.
  • Pour une stabilité thermique et hygrométrique, le bâtiment est en partie enterré. Au moment de sa construction, il se situait à environ 2,50m au-dessus du niveau moyen de la nappe phréatique. Ainsi, la température constante de l'eau souterraine maintient la température du bâtiment. Le toit du bâtiment extérieur est recouvert de terre pour l’isoler. Enfin, un système de ventilation sophistiqué constitué de vingt cheminées sur le toit extérieur, permet à l'air frais d’entrer dans le couloir entre les deux enceintes extérieures et des jalousies règlent la circulation d'air jusqu'au bâtiment intérieur.

Toutes ces précautions ne sont pas superflues. En effet, tous ces instruments sont d’une extrême précision mais aussi très sensibles notamment aux vibrations et aux variations d’humidité et de température !

Mais où travaillent les sismologues lorsqu'ils ne sont pas dans la station ? En 1900, ils sont accueillis au 10 avenue de la Forêt Noire à proximité de la station. En 1911, Ils déménagent dans une villa louée au 5 rue Herder. En 1921, l'Institut de Physique du Globe (IPG) est créé et est installé grâce à un don de la marquise Arconati-Visconti, au 38 boulevard d'Anvers.  

Finalement, le bâtiment inauguré en 1900 est d’allure bien modeste au regard des bâtiments prestigieux qui l’entourent mais parfaitement adapté à son utilisation scientifique. En 1906, un atelier attenant à la station est construit, c’est aujourd’hui là que se situe l’entrée du musée.

Et aujourd'hui?

Il va falloir attendre 1965 pour qu'un bâtiment dédié à la géophysique soit construit au 5 rue Descartes. Ce bâtiment regroupe toujours des services d’observation en sciences de la Terre à l’Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre. Parmi ceux-ci, on trouve les services en sismologie: le BCSF-Renass (Bureau Central de Sismicité Française – Réseau National de Surveillance Sismique), la composante polaire du réseau national Géoscope, et les réseaux sismologiques d’Epos-France. Les recherches de l’EOST en géophysique, dont la sismologie, en géologie, géochimie et hydrologie sont regroupées dans le même bâtiment à l’ITES, Institut Terre et Environnement de Strasbourg, et les enseignements de l’EOST ont lieu essentiellement à l’ancienne Manufacture des tabacs.