Personnages

Voici quelques personnalités dont l’histoire est liée à la station de sismologie de Strasbourg:

Georg Gerland (1833 - 1919)

Né le 29 janvier 1833 à Kassel (Hesse) et mort le 16 février 1919 à Strasbourg. Il est le père de la sismologie à Strasbourg.

Il étudie l’anthropologie, la philologie classique, l’histoire et la géographie aux universités de Berlin et de Marbourg. En 1875, il obtient la toute nouvelle chaire de géographie de l’Université de Strasbourg.  Dès 1900, il devint directeur du Bureau Central Impérial de recherches en Tremblements de terre. Il organise la première conférence sismologique internationale à Strasbourg en 1901, qui donne naissance le 1er avril 1904 à l'International Seismology Association (ISA), aujourd’hui devenue IASPEI.

Il fonde dès 1887 sa propre revue Beiträge zur Geophysik (qui existe encore aujourd'hui) et devient un correspondant assidu d’Ernst von Reubeur-Paschwitz. Il sera le plus zélé promoteur de la sismologie à Strasbourg.

Ernst von Rebeur-Paschwitz (1861-1895)

Né le 9 août 1861 à Francfort sur l’Oder (Brandebourg) et mort le 1er octobre 1895 à Merseburg (Saxe-Anhalt).

Après des études de mathématiques et d'astronomie, alors qu'il est assistant à l'université de Karlsruhe, il s'intéresse aux travaux de l'astronome Friedrich Zöllner sur la suspension des pendules. Il travaille avec la société Repsold de Hambourg, qui fabrique également les lunettes de l’Observatoire de Strasbourg, pour faire fabriquer un appareil muni d'un pendule horizontal très sensible afin de mesurer les variations de la verticale dues aux mouvements des planètes mais aussi pour enregistrer les séismes. Cet appareil, le "Rebeur-Paschwitz" sera à l'origine des premiers enregistrements de séismes lointains.   

Il publie des analyses comparées des signaux dès 1889 et confirme ses calculs en 1895. Il est à l’origine de l’idée de la création d’un réseau international de stations sismologiques. Mais il est surtout l’inventeur d'un sismomètre capable de mesurer des séismes à distance . 

Sa mort prématurée ne lui permet pas de voir l’aboutissement de ses recherches.

Boris B. Galitzine (1862 - 1916)

Né le 18 février 1862 à Saint-Pétersbourg et mort le 4 mai 1916 à Peterhof, il est un membre de la famille princière russe Galitzine.

Après avoir officié dans la marine impériale russe, il s'inscrit à la Faculté de mathématiques de l'Université de Strasbourg. Son diplôme obtenu, il retourne en Russie où il enseigne la physique. Ses recherches concernent différentes branches de la physique, puis la météorologie et la sismologie.

Il conçoit, à partir de 1902, un sismomètre électromagnétique, idée qui marquera le développement de la sismométrie au XXesiècle.

Le prince est à l'orgine du premier réseau de sismomètres en Russie. Il devient membre de l'académie des sciences de Russie en 1909 et le 4ème président de l'association internationale de sismologie (IAS). Il publie en 1911 un livre sur la sismométrie qui fait le point sur les connaissances en instrumentation.

Le prince Galitzine parle, en plus du russe, le français, l'allemand et l'anglais. Il entretient une correspondance avec d'autres sismologues en Europe et il rend visite, en 1911, au sismologue anglais John Milne, fondateur du premier réseau de sismomètres à une échelle mondiale.

 

 

Reinhold Ehlert (1871-1899).

Né le 16 juin 1871 à Berlin et mort le 2 janvier 1899 à Innertkirchen (Suisse). Géographe de formation, il étudie à Strasbourg sous la direction de Georg Gerland. Il reprend les travaux de von Reuber-Paschwitz pour construire en 1895 un instrument qui a fonctionné à Strasbourg de 1895 à 1906, dans les caves de l'observatoire astronomique au départ et dès 1900 dans la nouvelle station sismologique : le « Rebeur-Ehlert". Cet instrument est très populaire au début du XXe siècle.

Il meurt prématurément dans une avalanche dans les Alpes suisses.

Emil Wiechert (1861-1928).

Né le 26 décembre 1861 à Tilsit (Prusse et aujourd'hui en Russie) et mort le 19 mars 1928 à Göttingen.

Après des études de physique à l’Université de Königsberg , il y enseigne avant de rejoindre l’Université de Göttingen en 1898 comme professeur. Il participe à la découverte de l'électron et contribue aux travaux sur les rayons cathodiques et l'électromagnétisme, notamment avec le potentiel de Liénar-Wiechert.

Il vient pour la première fois à Strasbourg en 1901, à l’occasion de la première conférence internationale de sismologie où il présente ses théories.

Il a conçu de nombreux sismomètres mécaniques dont les deux exemplaires de Strasbourg,  dits "Wiechert vertical" et "Wiechert horizontal". C'est également sur ses plans, qu'a été commencé en 1910, le "19 tonnes" de Strasbourg.

Avec le mathématicien Gustav Herglotz, il développe la "Méthode d'Herglotz-Wiechert" qui permet de calculer les vitesses des ondes en fonction de la profondeur. Cette méthode reste utilisée jusqu’en 1991.

Carl Mainka (1874-1943).

Né le 31 janvier 1874 à Oppeln (Pologne) et mort le 25 décembre 1943 à Ratibor (Pologne).

Il étudie la géophysique à l’Université de Breslau. Après avoir exercé dans les universités de Hambourg, Bonn et Göttingen, il arrive à Strasbourg en 1906, en tant qu’assistant à la station de recherche sismologique. Il reste à Strasbourg jusqu'à la guerre et s'emploie à développer de nouveaux instruments.

Sa collaboration avec l'entreprise Bosch à Strasbourg, lui permet de développer le fameux pendule conique bifilaire de 450 kg qui sera largement distribué à travers le monde et dont le modèle sera repris, après 1918, par les Français et amélioré par la Société Optique de Mécanique de Paris, modèle dit  "Mainka". 

Edmond Rothé (1873-1942).

Né le 13 octobre 1873 à Paris et mort le 28 août 1942 à Lezoux.

Ses parents alsaciens choisissent de quitter la région après l’annexion de 1871. Il étudie la physique à la Sorbonne où il soutient son doctorat en 1903. Il enseigne tout d’abord à l’Université de Grenoble avant de rejoindre celle de Nancy de 1905 à 1918. Il commence alors à diriger ses recherches vers la météorologie et la sismologie. Pendant la Première guerre mondiale, il développe un anémomètre qui sera utilisé sur le front. En 1918, il est nommé professeur de l'Université de Strasbourg.

Il est en charge du service météorologique d'Alsace-Lorraine et de la station sismologique. Entre 1921 et 1922, il devient directeur de l'Institut de physique du Globe (IPG), directeur du Bureau Central Sismologique Français (BCSF), deux institutions alors nouvellement créées et qui sont toujours basées à Strasbourg. Le BCSF fait désormais partie du BCSF-Renass, service de l’EOST. L’IPG de Strasbourg est devenu en 2021 une partie de l’Institut Terre et Environnement de Strasbourg, le laboratoire de recherche de l’EOST. Il sera également directeur du bureau central de l'Association Internationale de Sismologie (IAS) et cela jusqu’à son décès en 1942.

Alfred de Quervain (1879-1927).

Né le 15 juin 1879, à Uebeschi (Suisse) et mort le 13 janvier 1927, à Zurich (Suisse).

Titulaire d’un doctorat de géophysique de l’Université de Berne, il obtient le titre universitaire de privat-docent, il désigne des enseignants détenteurs d'une habilitation universitaire mais qui n'ont pas reçu une chaire d'enseignement ou de recherche, en météorologie à l'Université de Strasbourg en 1905. Il réside à Strasbourg de 1902 à 1906, et occupe le poste de secrétaire de la commission internationale de recherche sur la haute atmosphère (Internationalen Kommission zur Erforschung der höheren Atmosphäre). C'est probablement à cette époque qu'il travaille avec la société Bosch pour concevoir un théodolite spécifique au suivi de ballons-sonde dont l'École et Observatoire des Sciences de la Terre (EOST) possède 2 exemplaires. 

En 1906, il est nommé adjoint à l'Institut de météorologie de Zurich. De 1913 à 1924, il exerce comme directeur de l'observatoire sismique de Degenried.

Yves Rocard (1903 - 1916)

Né le 22 mai 1903 à Vannes et mort le 16 mars 1992 à Paris.

Après une thèse en mathématiques et une autre en physique, Yves Rocard entame une carrière universitaire à Paris, à Clermont-Ferrand, puis de nouveau à Paris tout en travaillant pour une filiale de la Compagnie de télégraphie sans fil. Durant la Deuxième guerre mondiale, il rejoint De Gaulle qui le nomme directeur de recherche des forces navales françaises libres. En 1945, il devient directeur du laboratoire de physique de l'ENS de Paris qu'il ne quittera qu'en 1973 à 70 ans.

A partir de 1947, il travaille sur les programmes militaires du CEA. 

Il entame des recherches sur la détection des bombes par leur signal sismique en 1957, suite à l’enregistrement par un sismomètre de l'explosion de la première bombe souterraine américaine. Il fabrique alors des sismomètres conçus pour la détection des explosions nucléaires, dans le contexte de la Guerre froide : les sismomètres "Rocard". Yves Rocard présente ses instruments en 1958 à Genève lors de la Conférence des experts en matière de détection nucléaire. Il est à l’origine de la naissance d’un réseau sismologique non universitaire géré par Le Laboratoire de détection et de géophysique (LDG) du CEA, réseau qui existe toujours parallèlement au réseau d’Epos-France utilisé par le BCSF-Renass.

Jean-Pierre Rothé (1906 – 1991).

Fils d’Edmond Rothé, il étudie la physique à l’Université de Strasbourg et y obtient en 1928 un poste d’assistant. Il oriente ses recherches sur la géophysique, et plus particulièrement le géomagnétisme. Il est l'un des pionniers des études macrosismiques en France

Réfugié avec l’Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand, il s'engage, en 1944, dans le maquis de Haute-Lozère. À la Libération, il est nommé professeur à la faculté des sciences de Strasbourg et directeur de l'Institut de Physique du Globe, une responsabilité qu'il conservera jusqu'en 1968.

Il est également directeur pendant plus de trente ans du Bureau central international de sismologie (B.C.I.S.) et du Bureau central sismologique français (B.C.S.F.).

Elie Peterschmitt (1916-2003).

Né en Suisse en 1916 et mort à Strasbourg le 8 janvier 2003.

Elie Peterschmitt a été un étudiant d'Edmond Rothé. Il n’est pas sismologue de formation mais il est recruté en 1937 à l'Institut de Physique du Globe de Strasbourg (IPG) ; il y fera toute sa carrière jusqu'au moment de sa retraite en 1983. Dès son recrutement, il est chargé du fonctionnement de la station sismologique et est attaché au Bureau Central Sismologique Français (BCSF). Il dirige dès sa création en 1976 et jusqu'en 1981, le Centre sismologique Euro-méditerrannéen (CSEM) implanté à l'IPG jusqu'en 1993.