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Népal, bis repetita

13 mai 2015

Un nouveau séisme a eu lieu hier, le 12 mai à 82 km à l'est de Katmandou à proximité de la frontière chinoise. Le mécanisme au foyer est très semblable à celui du séisme du 25 avril. c'est un chevauchement à très faible pendage vers le Nord. Le choc du 12 mai est localisé plutôt vers l'extrémité Est de la rupture du 25 avril, donc au niveau de sa terminaison. Cela pourrait être la même faille.

Vous pouvez avoir accès aux résultats actualisés: solution W-phase

Après le séisme du 25 avril, Jérome van der Woerd (EOST)) disait dans une interview pour le journal du CNRS:

Les tremblements de terre se manifestent-ils de manière périodique ?

JvdW:
On ne peut pas vraiment parler de cycle au sens strict du terme, comme on le fait par exemple pour les saisons, ou le retour de la comète de Halley, mais il est vrai qu’on observe parfois certaines régularités temporelles. Ainsi en étudiant l’événement de 1934, les chercheurs ont pu dater le séisme précédent, qui a eu lieu en 1255, ainsi que les séismes antérieurs. Un temps de retour d’environ 700-800 ans est alors déterminé pour les grands séismes himalayens. Ce temps de retour correspond en gros au temps que met la faille pour rompre, accumulant puis relâchant brusquement les contraintes mécaniques qui lui sont imposées : soumise à une poussée continue de 2 cm/an durant 800 ans, la croûte terrestre finit par casser et se réajuster brusquement, glissant d’environ 16m (800x2cm). 
En outre, d’autres périodes, plus courtes, peuvent également s’emboîter dans ces grands cycles sismiques. En effet, les failles rompent parfois en plusieurs fois, avec des séquences. Le séisme du 25 avril 2015 suit ainsi le séisme de 1934 de 81 ans, or les données historiques et paléosismiques semblent montrer que le séisme majeur de 1255, a été suivi d’un autre en 1344, soit 89 ans plus tard. Ce rythme de 80 ans pourrait donc correspondre à la rupture en deux temps, à l’est puis à l’ouest, d’une faille qui cède tous les 800 ans.

Dans ce cas, le séisme actuel, qui semble correspondre à la seconde séquence de ces ruptures de faille qui ont lieu tous les 800 ans, n’indique-t-il pas que le Népal est à l’abri pour les 800 prochaines années ?


JvdW: Certainement pas. D’abord parce que le front himalayen comporte de nombreuses autres failles qui peuvent céder entre temps et ravager la région. Ensuite, pour l’heure, les données qui nous sont parvenues sont encore parcellaires et nous obligent à demeurer très prudents quant à leurs implications ; d’autant que certaines hypothèses sur lesquelles reposent nos modèles restent très spéculatives. L’un des enjeux principaux des études à venir sera de déterminer si le séisme actuel a relâché toutes les contraintes accumulées. Les données à notre disposition montrent un glissement de la faille d’environ 3 à 5 m, bien inférieur aux 10-15 m attendus : ceci pourrait indiquer que les contraintes, et donc le risque sismique, demeurent importants.